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Quelques années après la mort de Luna. Marius se fait de nouveau engagé comme psychiatre, cette fois-ci sa cible se nomme Elizabeth Montgomery. Une femme enfermée par erreur après que sa maison ai été réduite en cendres, entraînant la mort de ses parents. Le démon se rapproche d'elle, d'abord à cause de sa ressemblance avec Luna, mais très vite il doit se rendre à l'évidence, Elizabeth n'a rien de sa ballerine. Têtue, borné, agressive, la jeune femme s'accroche désespérément à la vie, ce qui a le don d'énerver le violoniste.

Durant des semaines, il essaye désespérément de la tuer sans succès. Alors qu'il enchaîne les stratagèmes plus vicieux les uns que les autres, elle s'accroche encore et encore.

Lorsque Elizabeth parvient à s'échapper de l'asile, Marius la suit. Les semaines passent les unes après les autres tandis que le démon s'épuise. Lizzie serait-elle vraiment immortelle?

"Ce n'est pas une histoire inachevée,

je garde seulement la fin pour moi, et uniquement pour moi."

Extrait du jeu...

Marius la précéda dans le couloir de l'hôpital. Les murs immaculés étaient fendus par une épaisse ligne verte pomme caricaturant presque le style épurée des établissements psychiatriques. Ce décor était-il fait pour calmer les pauvres diables abandonnés par Dieu ? Nulle ne saurait le dire. Toutefois, force est de constater que tous les hôpitaux se ressemblent en ce point.

Le démon emmena sa jeune patiente dans la pièce de vie, prenant volontairement le chemin le plus long. Une forme de mutisme pesant c'était installé entre eux depuis qu'ils eurent quitter le bureau quelques longues minutes auparavant.

- Pourquoi voulez-vous quitter cet endroit, s'enquit Marius. Vous êtes nourri, logée, en sécurité et vous avez le plaisir de ma compagnie si attrayante.

Il lui sourit sans se tourner vers elle, tandis qu'ils traversaient le salon. Dans un coin reculé, une femme d'un certain âge pressait inlassablement son front contre la table, ne parvenant pas à se tenir droite. Quelques infirmières se pressaient ici et là, l'une d'elle s'approcha de la femme et glissa un oreiller creusé sous sa tête afin de lui permettre de respirer malgré sa posture.

Quel spectacle navrant !

Après avoir dépassé la pièce principale, les deux protagonistes s'enfoncèrent dans un couloir grisâtre, descendirent un escalier, passèrent une porte puis une seconde et arrivèrent au bout du couloir. Marius pointa du doigt le coin le plus sombre où logeait un petit rectangle de bois pourri par les âges.

- Voici, votre destination. Lady.

- Essayez simplement de prendre ma place pendant un jour. Et vous comprendrez pourquoi je veux partir d'ici. Personne n'est bien traité. Attacher une femme à un lit pour ne pas qu'elle bouge toute la nuit ? Ne lui servir qu'un repas médiocre par jour ? Il n'y a que pour la douche qu'ils respectent leurs promesses. Et encore… se laver en présence de cinglées, je déteste ça. Mais prenez ma place si vous le souhaitez et je prendrai la votre. Vous devez être si bien logé… dans une grande chambre avec vue sur le jardin, trois repas par jours bien équilibrés et une salle de bain rien que pour vous non ? lâcha-t-elle, exaspérée par le comportement du psychiatre.

Elizabeth ne le regardait pas, elle n'avait pas envie de croiser son regard et de devoir observer son visage qui lui paraissait si bienveillant au début. Elle soupira et resta debout lorsqu'ils furent enfin arrivés. Les bras croisés, sa langue percuta son palais -signe d'agacement de sa part. Elle ne bougea pas, ne fit pas un seul pas en avant pour aller s'installer sur ce bout de bois qui commençait à pourrir.

- Pourquoi sommes-nous ici ? Ils ne viennent jamais me chercher là normalement. C'est quoi encore votre idée farfelue ?

La blonde s'avança vers le banc et préféra s'adosser au mur, observant les motifs répétitifs peints sur les cloisons. Elle trouvait cet endroit minable et avait vraiment hâte de partir d'ici, cela allait faire plus de sept ans qu'elle s'y trouvait. En sept ans, Elizabeth n'avait pu sortir qu'une petite dizaine de fois dans le grand jardin qui bordait l'asile et elle n'avait cohabité avec les autres malades qu'une semaine avant de devenir violente envers eux. Elle posa finalement ses yeux sur le brun, les sourcils froncés. C'était la première fois qu'il la raccompagnait et qui plus est dans un endroit inhabituel, ils ne passaient jamais par ici normalement. Elle était même certaine de n'avoir jamais vu cet endroit de sa vie.

S'approchant de la jeune femme, le démon plaça ses mains sur les deux pans de murs qui entouraient Elizabeth. De ta main droite, il effleura une lampe murale, ce qui eu pour effet de fendre le mur derrière lui en une porte étroite. Un des nombreux passage qui servait au directeur afin de rendre visite à ses petites patientes chéries. Marius l'avait découvert quelques jours plus tôt et faisait à présent chanter le propriétaire pour s'approprier cet endroit.

- Suivez-moi, je vais vous montrez quelque chose d'unique, susurra-t-il à la jeune femme.

Il s'enfonça en premier derrière la porte secrète, l’étroit petit couloir le mena à terme vers une grande pièce. Si elle servait jadis à relier les différents passages secrets creusés dans le vieux bâtiment, Marius avait passé ses derniers jours à transformer cette pièce en son terrain de chasse.

Il avait fouiné dans le dossier d'Elizabeth afin de retrouver des détails plus précis sur son histoire. Puis dans cette pièce auparavant vide, il avait recouvert murs les coupures de presses qui décrivaient l'incendie de la demeure Montgomery. Des photographies de la maison avant et après le drame. Et puisqu'il n'avait pas réussit à trouver de portrait de Demon, il avait prit soin d'écrire son prénom à même le mur avec une belle encre pourpre.

Le point fort de cette décoration macabre était le piano qui trônait au centre de la pièce. Identique à celui de son bureau. Marius avait relié le piano à une mèche, elle même accordé à a porte. Ainsi en activant le mécanisme pour ouvrir le passage secret, la mèche avait reçu une étincelle. Puis l’étincelle s'était transformée en braise lorsqu'elle eut atteint le piano.

C'est ainsi que le démon entra en premier dans la petite pièce circulaire où l'instrument se consumait dans les flammes, éclairant ainsi les murs de belles nuances cuivrées.

- Mon cadeau, vous plaît-il ?

Plusieurs idées lui avaient parcouru l'esprit lorsqu'elle suivait en parfaite petite fille dans les couloirs longs, froids et morbides de l'asile. Premièrement, naïvement elle pensait qu'il la raccompagnait à ses geôliers comme il le lui avait dit. Et puis il l'avait mené jusqu'à un passage secret. Elle avait cru pendant un instant qu'il allait la sortir de là, la sauver de cet enfer. Malheureusement, aucune de ses suppositions ne s'avéra vraie. Elizabeth s'immobilisa en voyant le feu qui émanait de cet instrument et commençait à dévorer des morceaux de journaux accrochés au mur. Un piano, le feu, des morceaux de papiers qui brûlent. Et ce nom inscrit avec une encre pourpre sur le mur. Son visage était déformé par la terreur. Ses pires cauchemars étaient là, tout ce qui la renvoyait à son passé se trouvait ici. La blonde tourna sa tête vers le psychiatre, il devait éprouver un malin et malsain plaisir à la voir aussi perturbée. Son cœur battait dans sa poitrine, elle serra les poings et redressa la tête. Tout ce qui lui restait c'était son désir de vengeance envers cet homme. Elle n'arrivait même pas à faire un pas pour le remettre en place, ses yeux n'avaient pas changé de couleur et restaient d'une teinte bleutée.

- Vous êtes complètement cinglés. Pourquoi vous cherchez à me faire du mal comme ça ? dit-elle en regardant le piano s'émietter peu à peu sous le feu ravageur.

La blonde essuya d'un coup de revers de manche ses yeux et renifla, posant son regard perçant sur lui. Elle était remplie de tristesse, de rage et d'incompréhension. Elle s'appuya contre un mur pour calmer sa respiration. Sa tête tournait, elle observait la silhouette du brun qui devenait peu à peu floue. Elle sentait ses jambes trembler et finit par s'écrouler par terre, à moitié consciente. S’il avait essayé de lui faire revivre cette nuit, il avait réussi.

La pièce baignait à présent dans le crépitement des restes du piano, faiblement éclairée par les dernières braises mourantes. Marius s'approcha de la nymphe blonde, l'image était saisissante.

Le démon aurait voulu que ce moment ne s'arrête jamais. Elle avait l'air si pathétique, une jolie biche apeurée devant un loup. Cet impitoyable tueur qui, bientôt, la consumerait.

- Tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière, dit si bien la sainte bible.

Du bout des doigts, Marius saisit le menton d'Elizabeth et le releva, afin de promener son regard reptilien sur ce doux visage humide.

- Meurt. Je veux que tu meurt. Tu es une nuisance pour tous les êtres qui t'entourent, pour Demon, pour ta famille, et pour moi plus que quiconque. Regarde, ce piano n'attends que toi, rejoins le dans les flammes et brûle avec lui. Rien ne me ferai plus plaisir.

Sa voix mélodieuse et grave se répercuta sur les murs de ce donjon improvisé. Il se mit à sourire, puis à rire. Son chef d’œuvre avait eu l'effet escompté.

- Tu es une pathétique créature. Ta vie n'a aucune espèce d'importance et surtout, personne ne te regrettera. Tu me demandes pourquoi je cherche à te faire du mal ? Ça me plaît, voilà tout. Te voir te noyer dans les larmes me procure une sensation des plus exquises.

Marius sentit monter en lui une douce chaleur mêlée à un bien-être innommable, jouissif.

Des gouttes de sueur ruisselaient le long de sa peau opaline. Il faisait chaud, cette pièce l'étouffait. Ses yeux faisaient des allers-retours inquiétants, évitant soigneusement les iris inquiétantes du psychiatre. La sortie, où était-elle ? Avec cette fumée et cette chaleur, son cerveau n'arrivait pas à se concentrer plus d'une minute sur quelque chose. Elizabeth serra les dents lorsqu'il osa poser ses mains sur son visage, affrontant finalement son regard. Terrifiant. Il était tout bonnement terrifiant. C'était à lui que revenait sa place dans l'asile. Pas elle. À côté de lui, elle était saine d'esprit. La peur montait en elle au fur et à mesure que ses larmes coulaient sur ses joues roses. Elle haletait, son souffle était court et rauque. Elle détestait cette proximité entre leurs deux visages, elle n'aimait pas être aussi près de quelqu'un et encore moins avec ce genre de personne. Sa main se posa sur la joue de Marius avec toute la douceur du monde, elle esquissa un petit un petit sourire et passa sa langue sur ses lèvres.

- Je ne vous ferai jamais ce plaisir, dit-elle avant de rassembler ces forces restantes pour le frapper en plein ventre, espérant qu'il puisse perdre l'équilibre et lui laisser la voie libre pour s'enfuir.

Le démon perdit pied et recula d'un demi-pas. Son souffle était court et son teint fiévreux, il avait vraiment tout d'un humain. Le même corps. Les mêmes faiblesses. Des mèches brunes tombèrent sur son regard d'émeraude, lui brouillant la vue.

- Tu devras faire mieux que ça pour m'arrêter. Frappe moi encore, mais cette fois-ci n'hésite pas, lui demanda-t-il en relevant la tête. Tant que tu es ici, tu es prisonnière de mon monde. Il ne tient qu'à moi de te rejoindre au milieu de la nuit quand tu parais si serine, si douce. Si vulnérable.

Marius s'assit, puis s'allongea sur le sol dur et froid. Les volutes de fumée grisâtres dansaient au dessus de lui, avant de disparaître.

Tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière.

- Tu n'es même pas assez forte pour vivre, comment peux-tu espérer me détruire ? Douce Elizabeth, ta vie est mienne que tu le veuilles ou non.

Le dandy sentit ses poumons se gorger de monoxyde de carbone. Ce n'était pas la première fois qu'il mourrait, seulement cette fois-ci, il se réveillerai en vie demain matin, comme si rien ne c'était passer. Il lui restait encore une dizaine de minutes, mais déjà sa gorge le brûlait et une terrible toux sèche le faisait souffrir.

Des sanglots s'échappèrent de sa gorge. Elle ne voulait pas mourir, pas ici dans la même pièce que ce fou à lié. Elle ne savait même pas si sa nature d'être surnaturel pouvait la protéger d'une telle chose. Sûrement. Le feu l'étouffait, elle manquait d'air et sa vision se troublait. Elle comprenait ce que sa famille avait vécue ce soir-là. Piégés, faits comme des rats sans issue de secours. Son cœur se serra à cette pensée, c'était affreux. Ils étaient morts sans pouvoir s'échapper, brûlés vifs. La blonde ne voulait pas finir de la sorte. Elle rampa au sol, là où le peu d'oxygène se trouvait encore, jusqu'à Marius. Le désespoir l'emportait et dominait sa colère. Elle s'agrippa à lui et tapa sa joue. Qu'il ouvre les yeux bon sang ! Il devait la faire sortir d'ici le plus vite possible. Et pourquoi lui aussi restait-il allongé tranquillement là au milieu d'un feu dévastateur qui ne voulait que les consumer vivants. Elle essuya ses larmes et prit le visage du psychiatre entre ses mains.
- Me laissez pas crever ici. Je peux pas mourir ici, c'est pas possible ! cria-t-elle avant d'être prise d'une toux violente.

Elizabeth se hissa sur ses coudes et tenta d'apercevoir la porte ou du moins l'ouverture par laquelle ils étaient rentrés. Elle se leva faiblement et marcha jusqu'aux murs réchauffés par la chaleur. Elle tâtait la pierre brûlante du bout de ses doigts, cherchant un renfoncement quelque part.

 Je ne peux pas mourir vous m'entendez ?! Pas ici ! hurla-t-elle avant de manquer d'air. Elle s'accroupit dans un coin et porta ses mains à sa gorge, suffoquant.

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